La tragédie des communs sous le prisme du stoïcisme

Cette intervention propose de revisiter la tragédie des communs (la surexploitation d'une ressource commune en l'absence de droits de propriétés) sous le prisme du Stoïcisme, et, en particulier, de la discipline stoïcienne des désirs ("indifférence aux choses indifférentes"), selon laquelle il ne faut rien désirer pour les choses qui ne dépendent pas de nous (Epictète, Manuel, II). Pour ce faire, le conférencier propose deux traductions microéconomiques distinctes de la discipline stoïcienne des désirs, qui prennent la forme d'une extension du facteur symétrique de la relation de préférence au-delà de ses contours dans le cadre de préférences classiques, et il examine leurs conséquences dans le cadre d'un jeu de ressource commune (common pool resource game) joué par N agents stoïciens. Il démontre que, quelle que soit la traduction économique de la discipline stoïcienne des désirs adoptée, l'équilibre symétrique de Nash du jeu n'admet pas de surexploitation de la ressource partagée, ou, si une telle surexploitation de la ressource commune a lieu, elle n'est en rien considérée comme tragique par les agents stoïciens. Contrairement à ce qu'on pourrait anticiper à première vue, un recentrement sur soi - sur les choses qui dépendent de nous - permet de surmonter la tragédie des communs.

Il s'agit de la quatrième conférence du cycle de l’anthropocène de l’année intitulé "Un monde en transition : vers une recherche postnormale ?".